"Le coronavirus est sorti d’un laboratoire chinois" selon Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008 (vidéo)

17 avril 2020 à 12h20 par A.L.

Dans un entretien accordé au site "Pourquoi docteur ?", le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008, qui a découvert le virus responsable du Sida en 1983, émet une hypothèse controversée sur l'origine du Covid-19. Selon lui, ce nouveau coronavirus provient d'un laboratoire chinois. Encore une fois, l'ex Prix Nobel fait le buzz et provoque l'indignation.

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Selon Luc Montagnier, le Covid-19 serait accidentellement sorti d'un laboratoire chinois.
Crédit : Pixabay

Le Covid-19 provient-il bel et bien d'une contamination dans un marché aux animaux sauvages de Wuhan en Chine ?

On est pas loin de la théorie du complot !

"C'est une belle légende, ce n'est pas possible. Le virus sort d'un laboratoire de Wuhan", affirme Luc Montagnier, le virologue français qui a découvert le virus responsable du Sida en 1983, et lauréat du prix Nobel de médecine en 2008, lors d'une interview accordée au site Pourquoi Docteur ? Selon le scientifique, "le laboratoire de la ville de Wuhan s'est spécialisé sur ces coronavirus depuis le début des années 2000. Ils ont une expertise dans ce domaine".

Une fuite accidentelle du Covid-19

Selon Luc Montagnier, la pandémie mondiale serait le fruit "d’un accident industriel” au laboratoire de Wuhan. "L’hypothèse est que ce virus est sorti du laboratoire parce qu’il a échappé à ses promoteurs, c’est un travail d’apprenti-sorcier”, a-t-il clamé dans l'entretien. Toujours selon ses dires, la fuite involontaire serait survenue lors de recherches liées à l'élaboration d’un vaccin contre le sida. Ainsi, le professeur a expliqué avoir analysé "dans les moindres détails" la séquence avec son collègue mathématicien Jean-Claude Perrez. "On a pas été les premiers, puisqu'un groupe de chercheurs indiens a essayé de publier une étude qui montre que le génome complet de ce coronavirus [a] des séquences d'un autre virus, qui est le VIH, le virus du sida", a-t-il confié. "Pour insérer une séquence du VIH dans ce génome, il faut des outils moléculaires, cela ne peut se faire qu’en laboratoire", a affirmé Luc Montagnier.

Depuis l'obtention de son prix Nobel de médecine obtenu en 2008, le professeur est régulièrement accusé de dérive à cause notamment de ses théories controversées sur l'origine du VIH et sa transmission. 

Outre ses théories sur les ondes électromagnétiques émises par l'ADN et sur les bienfaits de la papaye, qui lui ont attiré les moqueries, il s'est affiché en 2017 aux cotés du Pr Henri Joyeux, figure de proue des antivaccins, et a joint sa voix pour dénoncer la dangerosité des vaccins et de la vaccination obligatoire estimant qu'on risquait "avec une bonne volonté au départ, d'empoisonner petit à petit toute la population".

Une véritable levée de bouclier est en cours depuis ses dernières déclarations.

Cette fois encore, la communauté scientifique s'insurge.

"Cela n'a pas de sens. Ce sont de tout petits éléments que l'on retrouve dans d'autres virus de la même famille, d'autres coronavirus dans la nature", explique à l'AFP le virologue Etienne Simon-Lorière de l'Institut Pasteur à Paris.

"Ce sont des morceaux du génome qui ressemblent en fait à plein de séquences dans le matériel génétique de bactéries, de virus et de plantes", lance-t-il.

"Si on prend un mot dans un livre et que ce mot ressemble à celui d'un autre livre, peut-on dire que l'un a copié sur l'autre ?" "C'est aberrant", assène ce responsable de la structure génomique évolutive des virus ARN à l'Institut Pasteur.

Les modifications du virus qui chercherait à se débarrasser des éléments étrangers (morceaux génétiques de VIH...) et qui seraient observées à Seattle aux Etats-Unis, selon le Nobel controversé, sont fausses, ajoute M. Simon-Lorière qui s'abstient de tout commentaire sur  les "ondes" du Pr Montagnier

La théorie selon laquelle ce virus est issu de manipulations génétiques circule depuis longtemps et a été déjà démentie d'après les analyses du génome du virus communiqué par les Chinois, d'autant que les chercheurs dans le monde entier ont pu depuis isoler et analyser eux-même ce virus à partir de prélèvements provenant de patients sur leur propre territoire.