Le Captagon, drogue des djihadistes, serait un mythe

28 juillet 2017 à 14h03 par Maud Tambellini

L'hypothèse était née après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. L'hypothèse selon laquelle les assaillants auraient agi sous l'effet d'une drogue, le Captagon, alors surnommée la drogue des djihadistes. Mais selon un récent rapport, il s'agirait d'un mythe plus que d'une réalité.

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Aucune autopsie n’a révélé la trace de drogue

Certains mythes ont la vie dure. Depuis les attentats de 2015, le Captagon, une amphétamine tirée d'un ancien médicament psychotrope est régulièrement associé à l’Etat Islamique, décrit comme potion magique pour donner du courage et annihiler toute notion du bien et du mal aux djihadistes sur le point d’agir.

Mais pour l’observatoire français des drogues et des toxicomanies, il s’agirait d’avantage d’une volonté de rationaliser l’horreur en estimant que les assaillants ne pouvaient possiblement être dans leur état normal. Et pourtant aucune des autopsies pratiquées en Europe à la suite d’un attentat n’a révélé de traces de drogue dans leur sang.

Le Captagon existe t’il vraiment ?

Le Captagon est à la base un médicament psychotrope vendu dans les années 1960 pour traiter les troubles de l’attention, jusqu’à son interdiction dans les années 90. Son principe actif, la fénétylline, une drogue de synthèse de la famille des amphétamines, n’est plus produite dans aucun pays depuis la fin des années 2000, et ses stocks mondiaux sont« pratiquement épuisés ».

Pour l’observatoire d’ailleurs, la plupart des drogues vendues comme du Captagon sont en fait des contrefaçons. Fin mai, les douanes françaises avaient ainsi annoncé une saisie record de la drogue des djihadistes à Roissy. Avant de reconnaitre quelques jours plus tard qu’il s’agissait en fait de simples cachets d’amphétamine.

Selon Laurent Laniel, l’auteur du rapport de l’observatoire, « il semble que le battage orchestré autour de cette substance, alimenté par l’absence de données fiables sur le sujet, n’exprime que la jonction de deux phénomènes : le sensationnalisme qui fait vendre et l’irrationnel face à un ennemi incompris. »

En revanche une drogue bien réelle inquiète d’avantage, d’autant qu’elle a déjà fait un mort. Son nom, la NBOMe.