Soldes d'été : "54% des Français entendent y renoncer ou y consacrer un budget moins élevé"

10 juillet 2020 à 9h50 par Iris Mazzacurati avec AFP

Les soldes d'été ouvrent mercredi prochain après avoir été reportés de trois semaines en raison de la crise sanitaire. Entre consommateurs hésitants, difficultés financières des enseignes et stocks importants, le cru 2020 s'annonce hors norme.

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Les Français ont épargné quelque 60 milliards d'euros durant le confinement et pourtant, l'envie de
Crédit : Pixabay

En annonçant début juin leur report, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait affirmé qu'il s'agissait de tenir "compte de la situation des petits commerçants", qui avaient besoin de "temps" pour "reconstituer" leur trésorerie sans casser les prix.

Cela conduit à ces dates de soldes quelque peu incongrues alors que nombre de Français sont déjà partis en vacances, et qu'en plus, partout, ventes privées et promotions fleurissent pour "combler" ce vide commercial.

"Les augures sont peu favorables", admet auprès de l'AFP Yves Marin, expert du secteur de la distribution au sein du cabinet Bartle: "on assiste à une sorte de crispation économique, de rétention financière car, si l'argent est là, l'envie de consommer n'y est pas".

Les Français ont en effet épargné quelque 60 milliards d'euros durant le confinement selon le gouvernement et pourtant, l'envie de dépenser n'est toujours pas au rendez-vous. 

Ainsi, selon un sondage réalisé par l'Ifop pour le site de vente en ligne Spartoo, "54% des Français entendent renoncer aux soldes ou y consacrer un budget moins élevé" que d'habitude.

Il faut dire que la période, avec l'application des mesures sanitaires dans les magasins - port du masque obligatoire, gel hydroalcoolique systématique, cabines d'essayage parfois inaccessibles -, ne se prête pas vraiment au shopping, et encore moins à la flânerie.

Cette situation offre "une énorme prime au commerce en ligne", où la "cabine d'essayage est chez soi et les livraisons et retours gratuits", souligne Yves Marin, pour qui "les achats dits d'impulsion vont en pâtir", et notamment ceux d'articles de mode.

Pourtant, à la suite du confinement, les besoins des Français ont augmenté, leur tour de taille ayant changé, affirme l'expert: "mais en même temps, ils ont pris le temps de trier leurs placards et de se rendre compte qu'ils avaient beaucoup trop de vêtements".

Pas tous les secteurs à la même enseigne

On est clairement entré dans une ère de "consommation frugale et responsable", les chiffres de l'Institut français de la mode (IFM) du premier trimestre faisant déjà état d'un repli de 17,9% des ventes de textile/habillement (hors vente à distance) sur un an. Or, le confinement n'était pas encore passé par là.

Pourtant, avance Nicolas Hammer, le directeur général de la start-up Critizr, qui analyse la satisfaction et l'expérience des clients pour 80 enseignes, "la fréquentation et le trafic dans les magasins sont revenus quasiment à leur niveau d'avant Covid", 85% des clients se disant "très rassurés" par les mesures mises en place.

Certains secteurs, tels que le bricolage ou la beauté-parfumerie, ont même retrouvé une "activité commerciale normale". Seule la mode, précise-t-il à l'AFP, est encore à la traîne, un "gros transfert vers le "online" ayant été observé depuis le début de la crise sanitaire.

Et ce ne sont pas les annonces récentes de "difficultés", voire pire, de certaines enseignes du secteur (La Halle, Celio, Naf Naf, Camaïeu...), qui vont changer la donne.

Du côté des commerçants, on espère cependant que les soldes vont contribuer à la "relance de la consommation", notamment dans l'habillement qui affichait globalement un repli de son activité de 26% fin mai.

La nomination d'un secrétaire d’État au Commerce la semaine prochaine serait ainsi perçu comme un vrai signe d'encouragement par le secteur.