Manspreading : La guerre est déclarée dans les transports franciliens ?

16 juin 2017 à 12h07 par La rédaction

Ouvrir les cuisses et déborder sur le siège de son ou sa voisine. Une pratique très en vogue dans les transports en commun. Madrid est partie en lutte contre. À paris, les associations féministes se font entendre.

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Prendre les transports en commun peut vous confronter à des attitudes pas toujours très classes... Parmi les comportements qui énervent pas mal d’usagers : le manspreading. Ce phénomène très répandu à travers le monde désigne une habitude masculine qui consiste à écarter les cuisses sur son siège de train, de métro ou de bus, sans se soucier du bien-être de sa voisine ou de son voisin. Tous ceux que cette attitude agace profondément y voient un manque de civisme et même une attitude machiste. 

À Madrid, le collectif « Mujeres en lucha » est parti en guerre contre ce comportement. Une pétition a été lancée sur les réseaux sociaux. Elle a recueilli plus de 13 000 signatures. La mairie Madrid et EMT, l’entreprise qui gère les transports de la ville ont décidé de réagir. Du coup, une grande campagne de lutte et de sensibilisation va être lancée. Elle sera déclinée sous forme d’autocollants qui seront placés à côté des signalétiques, rappelant qu’il est interdit de fumer ou encore d’écouter de la musique sans écouteurs

À Paris, les adeptes du manspreading sont également en nombre. Il suffit de lire les nombreux témoignages de femmes sur les réseaux sociaux. Celles-ci en ont ras-le-bol de se faire coller ou encore écraser par un autre usager qui prend ses aises. Pour autant, ce problème n’a pas vraiment l’air d’affoler les structures chargées de superviser les transports en commun Franciliens. Du côté de la région Ile-de-France et du syndicat des transports d’Ile-de-France, personne n’a pris officiellement position sur le sujet. D’ailleurs, on s’étonne même de la chose, car jusqu’à présent, que ce soit la RATP, la SNCF ou les associations d’usagers, personne n’aurait évoqué la question…

Alors qu’il y aura peut-être bientôt des amendes contre le harcèlement de rue, cette réponse est loin de satisfaire les associations féministes. Ces dernières le crient haut et fort : des témoignages sur le sujet, elles en reçoivent quotidiennement. En 2014, le collectif « Osez le féminisme » avait même créé un visuel similaire à l’autocollant espagnol, à l’occasion d’une campagne intitulée « Take back the métro ». L’objectif : « Dénoncer les violences machistes dont sont victimes les femmes dans les transports en commun et interpeller les transporteurs afin qu’ils réagissent… Aujourd’hui, "Osez le féminisme" vient à nouveau de publier une lettre demandant aux usagères d’interpeller la RATP. En 2018, le Stif prévoit de lancer une campagne contre le harcèlement dans les transports. Il lui reste encore quelques mois pour peut-être penser à évoquer ce phénomène du manspreading.

Bertrand LOPPIN