Les discriminations sont toujours présentes en France

24 novembre 2017 à 10h00 par Bertrand Loppin

En partenariat avec le CNRS, SOS Racisme publie une étude inédite sur les discriminations. Elle démontre que l'âge, le lieu de résidence ou encore l'origine sont des motifs de discrimination bien présents chez les assureurs, les mutuelles et les organismes de crédit.

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Crédit : Pixabay

SOS Racisme en partenariat avec le CNRS vient de publier une étude sur les discriminations en France. Contrairement aux études classiques sur ce thème, elle ne se cantonne pas à évoquer les secteurs comme le marché du travail et du logement où les discriminations sont traditionnellement détectées. Ainsi, sept domaines d’activités, pas ou peu testés ont été identifiés. 15 000 demandes ont été envoyées à des opérateurs dans les secteurs de l'achat de voitures d'occasion, la formation pour adultes, le rachat de fonds de commerce, l'hébergement de loisirs, le crédit à la consommation, l'assurance automobile et la complémentaire santé. 

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont créé six profils : un homme de 22 ans d'origine française, une femme de 22 ans d'origine française, un homme de 22 ans d'origine africaine, une femme de 22 ans d'origine africaine, un homme de 22 ans d'origine française résidant dans un quartier politique de la ville et un homme de 42 ans d'origine française. En dehors de ces éléments d'identité, les six individus ont présenté les mêmes dossiers aux organismes testés. Et les résultats n’ont pas manqué de montrer de flagrantes inégalités de traitement. Selon les secteurs, l'étude révèle la présence de discriminations liées à l'âge, à l'origine ou encore au lieu d'habitation.

Pour obtenir une assurance, mieux vaut ne pas être un jeune homme originaire des quartiers.

Entre mars et juin 2016, les six candidats fictifs ont chacun envoyé une candidature à 38 sociétés d'assurance automobile. C'est la jeune femme d'origine africaine qui a reçu le plus grand nombre d'avis favorables, (86,8%). Les autres profils obtiennent des résultats semblables sauf le jeune homme issu d'un quartier dit défavorisé, qui n'a reçu que 78,9% de réponses positives… C'est également lui qui paierait le plus cher son assurance, 681,4 euros par an. C'est 60 euros de plus que l'individu le plus proche de son profil, à savoir le jeune homme de 22 ans, d'origine française mais vivant dans un lieu de réputation neutre.

Accéder à une complémentaire santé est plus compliqué pour une femme d'origine africaine et plus cher pour l'homme le plus âgé

Les six individus ont envoyé des candidatures auprès de 52 établissements. C'est la jeune femme d'origine africaine qui a reçu le moins de réponses positives (86,5%). Son homologue d'origine française a par exemple 88,5% de réponses favorables. Si l'homme de 42 ans obtient le plus de réponses positives (94,2%), c'est également lui qui doit payer le plus... Il y a une forte discrimination liée à l'âge en matière de tarification des complémentaires santé. L'individu de 42 ans se voit proposer un tarif 50% plus élevé que les individus de 22 ans, à niveau de garantie comparable.

Obtenir un crédit à la consommation est plus compliqué pour les jeunes

L'étude a testé 20 établissements financiers pour une demande d'un crédit à la consommation en vue d'acheter une voiture d'occasion. C'est l'individu le plus âgé qui obtient le plus de réponses positives. Il obtient un taux de 65% de réponses positives, contre 30 à 40% pour des personnes plus jeunes. Cependant, s'il reçoit plus d'accords, l'homme de 42 ans a en moyenne des conditions moins avantageuses… Son crédit va avoir un taux d'intérêt plus important, que son homologue de 22 ans.

Une fois encore, à travers cette étude, il est démontré que la discrimination peut frapper partout. En la matière, l’imagination humaine semble sans limite. Ainsi, aux Etats-Unis, des restaurants vont même jusqu’à choisir leurs clients en fonction de leurs profils sur les réseaux sociaux…